Toujours est-il qu'elle se rendait assez régulièrement le
Peut-être était-ce
à Gentioux-Pigerolles, dans la Creuse où le monument aux morts porte cette inscription "Maudite soit la guerre".
Si certains d'entre vous se souviennent de ces "pèlerinages" ou l'y ont accompagnés, n'hésitez pas à nous éclairer sur le sujet.
Jean-Baptiste.
[Edit 17/07/2012 : Correction Hélène (11 novembre et pas 14 juillet)]
Oui, c'était bien à Gentioux, mais pas pour le 14 juillet : pour le 11 novembre!
RépondreSupprimerJe crois que c'était avec la chorale des résistances sociales (était-ce le nom exact?), avec des gens de la MDH, entre autres. Je n'en sais pas + faute de les avoir accompagnés.
Mais tous les 11 novembre il y a toujours une cérémonie antimilitariste à Gentioux, si j'y vais en novembre je demanderai autour de moi.
Merci Hélène, je rectifie
RépondreSupprimerMerci à Jibé et Lénon d’évoquer ce fidèle pèlerinage antimilitariste à Gentioux de Marie-France. J’ignorais cet important détail de sa vie. Je ne sais si la nouvelle génération, poussée hors de conflits nationalistes dans une Europe unie et l’éloignement de la colonisation, situe la courageuse singularité de cet antimilitarisme. Quel démocrate oserait se lancer aujourd’hui dans l’éloge de la guerre ?
RépondreSupprimerLa guerre constituait pourtant le terreau originel de Marie-France : ses deux grands-pères étaient officiers, gens de métier militaire.
Le grand-père paternel Eugène Eliet fut, dit-on, capitaine - dans la tradition marine d’une partie de la famille. J’ignore si c’était sur un navire civil ou militaire mais à examiner son portrait publié par ailleurs dans la généalogie, on aperçoit bien un homme droit, fier de discipline et raide d’assurance, bref : un homme d’uniforme !
Le grand-père maternel Frédéric Jung était, lui, bel et bien officier, j’ignore dans quelle arme, et ses deux filles naquirent au hasard des garnisons où il fut affecté. L’une d’elle gardait souvenir émerveillé de son enfance à Fontainebleau…
Ce Jung était d’origine alsacienne mais sa famille avait choisi la France après la défaite de 1870 : né en 1863, il avait donc sept ans à l’époque, l’âge de raison pour lui, déjà l’âge de choisir son destin d’officier d’une armée française tout entière tournée vers la ligne bleue des Vosges, vers la revanche antiprussienne ! Pour parfaire le défit, lui catholique, avait épousé la protestante Françoise Philomène Walter, sa cadette de treize ans, alsacienne né allemande et donc devenue épouse d’officier français…
C’est ce qui se racontait dans la famille ; je ne suis pas allé vérifier les documents d’état-civil, mais ces récits laissent imaginer les baroufs nationalistes, religieux, générationnels que ce couple singulier devait soulever dans une société coincée entre le sabre et le goupillon.
Hélène, la maman de Marie-France, se montrait particulièrement fière de cette famille hardie et compliquée ; elle me l’avait sans cesse donné en référence le mémorable jour où je suis allé lui demander la main de sa fille Marie-Hélène : les différences d’âge, de foi ou d’origine ? Balayées au nom de l’amour ! Et de me rappeler qu’elle même, qui défilait alors dans les rangs du Mouvement de la Paix (en fait, pro-communiste !) était allé déposer son bouquet de mariage non pas à un autel de la Vierge mais à la flamme du Soldat inconnu à l’Arc de triomphe ! Et que leur voyage de noces avait eu lieu à… Verdun ! On mesure le chemin intellectuel accompli dès cette génération…
Ces légendes familiales situent, me semble-t-il, et éclairent la qualité de la démarche singulière de Marie-France : pas du tout une antimilitariste de convention salonarde, mais une volontaire, une militante de la paix, ce qui se traduisait par son pèlerinage au monuments aux enfants de Gentioux (voir sur Wikipedia) où elle devait entonner avec les camarades le refrain désespéré de la Chanson de Craonne (voir aussi sur Wikipedia). :
Adieu la vie, adieu l'amour,
Adieu toutes les femmes
C'est bien fini, c'est pour toujours
De cette guerre infâme
C'est à Craonne sur le plateau
Qu'on doit laisser sa peau
Car nous sommes tous condamnés
Nous sommes les sacrifiés
Robert VIGNEAU
Outre le souvenir de l’exode, un autre traumatisme de la trajectoire de Marie-France mérite d’être évoqué en marge de son pacifisme : son séjour à la Maison d’Éducation de la Légion d’honneur (voir sur Wikipedia), à Saint-Denis. Cette sévère école secondaire, créée par Napoléon pour les orphelines d’officiers titulaires de la Légion d’honneur, avait en son temps accueilli la lycéenne Hélène Jung qui y était même revenue comme jeune professeur de mathématiques avant son mariage avec Etienne Eliet. La maman de Marie-France jouissait donc d’une longue connivence avec cette institution dirigée de façon toute militaire si bien que, vraisemblablement dépassée par les fantaisies de son adolescente de fille, Hélène décida d’éloigner notre Marie-France du cercle familial dunkerquois en la bouclant à Saint-Denis, dans cet internat fort martial. Ah ! ces dames sauraient la dresser ! Elle y acheva sa scolarité lycéenne, un an seulement, je crois. Marie-France ne s’étendait jamais sur ce séjour ; elle en gardait un souvenir exécrable et blessé ; à ma connaissance, elle n’y lia aucune amitié éclose à cet âge de fin d’adolescence pourtant si généreux. Un signe !
RépondreSupprimerRobert VIGNEAU
Merci beaucoup, Robert, pour ces commentaires précis.
RépondreSupprimerJ'ai préparé un texte sur l'épisode de la "Légion d'honneur". Il sera publié le 19 août prochain...
Nous avons baigné dans une ambiance familiale tournée vers l'opposé du militarisme. Si papa gardait une certaine nostalgie de l'armée que représentaient son père et deux de ses frères, tous trois officiers de carrière, maman, fille et belle-sœur d'officier aussi (son unique sœur était veuve d'officier), militait pour la paix ; elle est passée ainsi par plusieurs mouvements tels que "Pax Christi", "Le Mouvement de la Paix", et soutenait l'objection de conscience dont Maxence ne put demander le statut car à cette époque il n'existait pas encore en France.
SupprimerMaman fut mal vue pendant la guerre d'Algérie, et trouva dans sa boîte aux lettres un petit parachute ... très significatif à l'époque.
Alika