Ce blog est dédié aux amis de MFRE (Marie-France Richard-Eliet), qui souhaitent partager leurs souvenir d'elle - Comment ça marche ? - Message d'accueil

vendredi 27 juillet 2012

Le portrait de son père

Si MFRE a hérité de sa mère un grand appétit intellectuel, c'est sans doute de son père, Etienne Eliet, que venaient certains traits les plus marquants de sa personnalité.


Iconoclaste, entier, au service des autres, aimé ou détesté, Étienne n'était pas un homme simple.

Il avait passé une bonne partie de sa vie à trouver comment assurer la subsistance de ses 8 enfants, dans ce Nord-Pas-de-Calais que la guerre n'avait pas épargné.

Ses insultes préférées étaient le classique mais efficace "peau de fesse", mais aussi le plus mystérieux bien que furieusement imagé "fesse d'huitres", d'inspiration finalement assez voisine. Il en faisait un usage immodéré ; tout le monde en prenait pour son grade.

A la fin de sa vie, il officiait comme gardien d'un splendide bâtiment des petites sœurs des pauvres, qu'il n'était pas peu fier de montrer à ses petits enfants.

Il a longtemps sillonné Dunkerque et Malo-Les-Bains, juché droit comme un "I" sur son Solex, comme sa fille Marie-France, à sa suite.

Pendant des années, il avait été le référent de clochards de sa ville (on ne les cachait pas encore sous le nom de SDF). Il lui revenait de gérer leur pécule mensuel, pour éviter qu'ils n'aillent immédiatement le dépenser au bistrot. Il nous racontait qu'en leur donnant leur viatique journalier, il lui arrivait de leur dire "tu peux aller te saouler la gueule avec, si c'est ce qui te fait du bien". Il parlait vrai, à mille lieues des bons sentiments préfabriqués, sans détours, ni fausse condescendance pour les turpitudes de la vie, qu'il connaissait bien.

Son image s'impose immanquablement à ma mémoire lorsque le parfum d'une eau de Cologne bon marché parvient à ma narine, car il exhalait en permanence ces fragrances, dont il laissait des flaques entières sur le sol des salles de bain.

En souvenir de son père, Marie-France disait souvent, sur le ton de la rigolade et pour faire craquer la solennité de l'instant, quand il lui arrivait de prêter ou donner de l'argent à quelqu'un : "Et surtout, ne va pas les boire". Je me souviens même, étudiant, d'avoir reçu un CCP qui portait cette mention sur le volet alors réservé à la "correspondance" (aujourd'hui, vous avez remarqué, nulle place n'existe plus pour s'écrire sur les chèques).

Étienne, ta fille était aussi belle que toi (c'est sans doute pour ça que tu la sifflais, jeune fille dans les rues de Malo, pour t'assurer qu'elle ne se retournait pas trop prestement à ces sollicitations).

Jean-Baptiste.

1 commentaire:

  1. La générosité d'Etienne Eliet ? Il disait :
    "Deux fois donné, le Bon Dieu rit !"
    et moi qui ne mets pas de majuscule à dieu en ai fait mon adage…
    RV

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